dimanche 15 mars 2009

Conte mahorais

Nous avons eu la chance, samedi après-midi, d'entendre trois contes mahorais adaptés en français par un conteur local. Je vais essayer de vous en retranscrire au moins un (il y aura certainement quelques infidélités, car je n'avais pas pris de quoi prendre des notes et il est très long).

Le conte de Nabawas
Première partie : Nabawas ne veut pas aller à l'école
Nabawas était un petit garçon mahorais à l'esprit très contradictoire. Il refusait toujours d'obéir à ses parents et à ses frères et soeurs.
Un jour, sa mère décida que l'âge était venu pour lui d'aller à l'école pour apprendre à lire le Coran. Nabawas protesta : "Mais, maman, qu'est-ce que tu veux que je fasse à l'école coranique ?
- Mon fils, répondit la mère, tu iras à l'école coranique, comme tout le monde ! Je ne veux pas que tu deviennes un vagabond !"
La mère le traîna de force jusqu'à l'école. Là, le maître -le fundi- l'attendait de pied ferme. On l'avait prévenu contre le mauvais caractère de Nabawas, et il entendait bien se faire obéir de lui ! Il exigea donc du petit garçon qu'il s'assît près de lui, pour l'avoir toujours sous les yeux. Nabawas refusa tout net de s'exécuter. Non, il ne voulait pas s'assoir à côté de cet homme à l'air méchant ! La maman, qui n'avait pas encore quitté l'école, le menaça : "Si tu n'obéis pas, le fundi va te battre !" Comprenant ce qu'il risquait, Nabawas alla s'assoir près de lui.
Confiante, sa mère quitta l'école pour s'en retourner chez elle. A peine eut-elle tourné le dos, que Nabawas parvint à s'éclipser discrètement et à la suivre jusqu'à la maison. Quand ils furent rentrés chez eux, il se montra immédiatement à elle et lui dit : "Je ne veux pas aller à l'école coranique. Le fundi et les autres élèves sont méchants ! Je veux rester avec toi !"
La mère de Nabawas se lamenta toute la journée. Qu'allait devenir son fils ? Le lendemain, dès l'aube, elle le ramena à l'école. Malheureusement, Nabawas parvint une fois encore à s'échapper. Il ne retourna pas directement chez lui comme la veille. Non, il décida d'aller s'amuser dans la mangrove jusqu'à l'heure du retour de ses frères et soeurs de l'école coranique.
Cependant, quand il les rejoignit, il était couvert de boue de la mangrove ! Sa mère ne manqua pas de le remarquer ! "En sortant de l'école, les autres élèves m'ont poussé dans une flaque de boue ! mentit-il.
- C'est faux ! s'exclamèrent alors ses frères et soeurs. Nabawas n'est pas resté à l'école coranique ! Il est parti s'amuser dans la mangrove !"
La mère se mit très en colère, et il fut fouetté. Furieux contre ses frères et soeurs, responsables, selon lui, du châtiment qu'il venait de recevoir, Nabawas pris la décision de se venger. Il se rendit dans la forêt et y cueillit des fleurs fort malodorantes. Il les écrasa de façon à obtenir un jus qu'il répandit sur les draps de ses frères et soeurs durant leur sommeil.
Quand ils se réveillèrent et constatèrent la mauvaise odeur qui s'échappait de leur couche, ils crurent qu'ils avaient eu un "accident" nocturne ! Ils se précipitèrent donc honteusement à la rivière pour laver leur drap.
Dès qu'il les vit revenir chargés de leurs draps mouillés, Nabawas courut annoncer à sa mère que tous ses frères et soeurs avaient sali leur drap pendant la nuit. Il espérait sans doute que sa mère les battrait à leur tour ! Mais celle-ci ne fut pas dupe ! Tout le monde avait eu un "accident" sauf Nabawas ? C'était encore, à coup sûr, un mauvais tour de ce fieffé filou ! Nabawas fut à nouveau battu.
Ce jour-là, Nabawas ne s'enfuit pas de l'école. Il avait reçu tant de coups ! Il valait mieux faire profil bas quelques temps.
Quand sa mère le vit rentrer le soir avec toute la famille, elle fut si heureuse qu'elle acheta un énorme pain pour célébrer cet événement, et en trancha un morceau pour chacun.
Elle s'apprétait à distribuer chaque part, quand Nabawas déclara qu'il voulait absolument le quignon. Aussitôt, tous ses frères et soeurs l'imitèrent. Il fut donc décidé que personne n'aurait ce morceau. Tandis que les autres membres de la fratrie se contentaient de la tranche qui leur avait été distribuée, Nabawas fit la mauvaise tête. Il ne mangerait pas ce qui lui avait été donné. Lui, il voulait le quignon !
Il enterra sa part de pain et l'arrosa chaque jour de son urine, jusqu'au jour où un arbre commença à sortir de terre. C'était un arbre à pain ! La mère de Nabawas n'aurait plus à aller très loin pour nourrir sa famille !
Craignant les vols, le petit garçon élut domicile dans son arbre, dès qu'il commença à donner des fruits. C'était le seul arbre à pain du village, le risque était donc grand de se faire dévaliser !
Nabawas avait bien raison de se méfier, car la sorcière du village avait très envie de goûter à ses fruits.
A suivre...

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Génial !!!! Merci ! Vivement la suite !!! Il y a de enregistrements ? Des publications écrites ???

Anonyme a dit…

C'est rigolo : je viens juste de terminer de faire un pain (farine complète + farine de seigle) ; il est en train de gonfler dans la cuisine.

Celui de la semaine dernier avait des flocons d'avoine.

Mercredi, je vais faire une pizza aux anchois, façon Michel, avec une pâte à pain.

Et samedi prochain, un cake aux cerises confites chez un artisan qui vient au marché. Je le prendrai en photo !!! Le cake bien sûr!!!

Anonyme a dit…

Eh bien, tu cuisines !
Il y a très peu de publications. Je ne sais pas s'il y a des enregistrements... En fait, peu de choses sont faites pour conserver la culture mahoraise (essentiellement orale).
Hélène

Anonyme a dit…

c bien ça, je cherche unn site sur les contes mahorais, une idéé peutb etre ?
zizit-r@hotmail.fr

merci

Anonyme a dit…

Salut, le début de ton conte est très bien, mais le non de ce petit filou c'est «Banawas» ^^ . Bientôt la suite, j'espère :)

Anonyme a dit…

j'adore, je suis prêt à écrire moi aussi des contes et tous genres littéraires.Que vivent les contes mahorais!!! Vivement la suite!!!