lundi 16 mars 2009

Conte mahorais (suite)

Deuxième partie : Nabawas et la sorcière

Une sorcière très cruelle vivait dans le village de Nabawas. Quand elle apprit l'existence de l'arbre à pain, elle eut tout de suite envie d'en goûter les fruits. Sa fille la mit en garde contre le petit garçon, qui vivait au sommet pour guetter les voleurs. "Eh bien, je le capturerai et nous le mangerons aussi !" répondit-elle.
Afin de tromper la vigilance du gardien de l'arbre, elle choisit de prendre l'apparence d'une superbe jeune fille. Elle s'avança timidement vers Nawabas et lui demanda d'une voix craintive et hésitante : "Peux-tu me donner un fruit de ton arbre ?"
Nawabas, sous le charme de l'inconnue, accepta de lui faire ce cadeau. Il cueillit un fruit et proposa de le lui jeter. "Non, ne me le jette pas ! S'il tombe dans la boue, il va salir ma robe !" s'exclama la sorcière.
Le garçon, inconscient du danger qu'il courait, descendit donc de l'arbre, et s'approcha d'elle. Elle reprit alors son apparence réelle, et l'enferma dans un grand sac, en lâchant un rire cruel. Il ne pourrait pas s'échapper, et elle aurait un bon repas !
C'était trop vite dit, car Nabawas était plein de ressources ! Le croyant incapable de se libérer, elle laissa le sac sans surveillance, pour aller au marché. Dès que le petit garçon comprit qu'elle s'était éloignée, il poussa des hurlements très forts, jusqu'à ce qu'un passant l'entende et le libère. Pour tromper la sorcière et se venger, il remplit alors le sac de noix de coco pourries qu'il trouva sur le bord du chemin. Puis, sans plus tarder, il alla se réfugier en haut de son arbre.
De retour du marché, la mauvaise femme ne se douta de rien et posa le lourd sac sur sa tête pour le transporter jusque chez elle. Le jus des noix de coco pourries ne manqua pas de couler sur sa tête et le long de ses tempes, répandant une odeur nauséabonde.
La sorcière rentra donc chez elle bredouille, sans fruit à pain ni petit garçon à se mettre sous la dent. Cependant, elle ne s'avoua pas vaincue pour autant ! Elle aurait ce Nabawas et ses fruits seraient à elle !
Elle se métamorphosa donc une fois encore en jolie jeune fille. Le petit garçon se méfia en la voyant s'approcher. Il comptait bien ne pas tomber deux fois dans le même piège ! Mais les sorcières sont habiles, et celle-ci parvint aisément à séduire Nabawas, si bien qu'il descendit de l'arbre et se retrouva à nouveau enfermé dans son grand sac !
Cette fois, la sorcière se dirigea directement vers sa maison. Elle ne prendrait plus le risque de laisser ce chenapant sans surveillance !
Arrivée chez elle, elle ouvrit le sac et entreprit de découper Nabawas en morceaux à l'aide de son chambé. C'est alors qu'il s'écria : "Arrête ! Si tu veux me cuisiner correctement, il te faut des épices !
- C'est vrai, dit-elle alors. C'est donc ma fille qui te découpera pendant que j'irai en acheter !"
Quand elle eut quitté la maison, Nabawas arracha le chambé des mains de sa fille, et c'est elle qui fut découpée en morceaux. Le garçon, en entendant rentrer la mère, se cacha rapidement dans la charpente.
La sorcière trouvant le chaudron plein de viande, ne s'étonna pas de l'absence de sa fille. Elle l'assaisonna selon son goût et commença à manger quelques cuillerées. Hmmm, comme c'était bon ! Une voix chantonna alors : "La sorcière a mangé sa fille... la sorcière a mangé sa fille". Affollée, la méchante femme chercha de tout côté d'où venait cette voix !
Quand Nawabas se montra à elle, elle comprit qu'il disait la vérité, et fondit en larmes. Puis, elle se rendit sur la place du village et annonça au villageois : "Aujourd'hui, je suis bien punie de ma méchanceté. J'ai mangé ma fille en croyant manger Nawabas. C'est fini, à partir de maintenant, je ne serai plus jamais cruelle avec vous."
Tout le village se réjouit, surtout la mère de nawabas ! "Tu n'es pas un garçon obéissant, lui dit-elle, mais je suis très fière de toi. Grâce à toi, nous avons toujours de quoi manger, et tu nous a libérés de la sorcière !"

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour la suite de l'histoire.

Il y a des arbres à pain à Mayotte ?

C'est amusant, le début de l'histoire commence avec un pain fait de farine et finit avec un pain de l'arbre à pain qui lui est un fruit...

Sinon il y a aussi le pain de singe, qui est le fruit du baobab. J'en ai goûté au Sénégal...

Anonyme a dit…

Oui il y a des arbres a pain a Mayotte et des pains de singe aussi d'ailleurs ils font partie des arbres les plus imposants à Mayotte.