jeudi 24 septembre 2009

Des élèves ont été emportés par la PAF

Beaucoup de nos élèves sont des Comoriens (de l'île d'Anjouan) sans papiers. Certains sont arrivés récemment à Mayotte, mais d'autres y sont nés de parents illégaux, qui ne savaient pas que s'ils faisaient les démarches nécessaires pour déclarer la naissance de leur enfant, leur bébé serait Français. D'autres encore sont arrivés très jeunes et n'ont jamais connu autre chose que Mayotte.

Quand nous faisons cours, nous ne faisons aucune différence entre les jeunes en règle et ceux qui ne le sont pas. De toutes façons, ces données ne nous sont pas transmises par l'administration du collège. Parfois, il arrive cependant que nous découvrions l'envers du décor... par exemple, quand nous apprenons que la Police Aux Frontières a débarqué dans le village et emporté des parents, ou nos élèves eux-mêmes.

C'est ce qui s'est passé hier, quand une élève de Fayçal a frappé à la porte de la salle des profs à 7h00. Un des élèves de 3ème de la classe dont Fayçal est le professeur principal venait d'être embarqué par la Police, alors qu'il était sorti pour se laver derrière chez lui. Les mineurs scolarisés ne peuvent pas être expulsés, mais bien entendu, le jeune n'avait pas son carnet de correspondance sur lui. L'élève, très gentil et travailleur, a donc passé la journée au centre de détention et a été relâché grâce à un appel du collège.

J'ai appris qu'un de mes élèves avait été embarqué aussi : il avait jeté des pierres sur la Police... Ce geste est condamnable, mais comment ne pas comprendre cette haine envers ceux qui viennent les râfler devant chez eux quand ils ne font aucun mal à personne ? Un jour viendra sûrement où ce seront tous les Métropolitains qui recevront des pierres.

Quand on pense, en plus, que Mayotte est comorienne, selon le droit international (voir article sur l'ONU), la politique d'expulsion massive des Comoriens de Mayotte passe mal... Ils sont ici plus chez eux que nous !

C'est dur d'être complice de ce système. C'est insupportable de penser que des jeunes méritants et gentils vont aller droit à la catastrophe malgré tous leurs efforts, tandis que d'autres, paresseux ou désagréables, mais qui ont des papiers s'en sortiront mieux... car, ensuite, même diplômés, les jeunes sans papiers ne pourront jamais travailler légalement et pour un salaire honnête ici.

Au lieu de dépenser autant de moyens pour enrayer l'immigration clandestine anjouanaise, pourquoi ne pas prendre le mal à la racine et aider (efficacement, pas seulement en versant de l'argent) l'île d'Anjouan à se développer ? Nous serions tellement plus fiers de la France !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Si la politique de reconduite à la frontière est parfois honteuse et effectuée sans discernement... Il n'en demeure pas moins que les Mahorais ont voté plusieurs fois pour affirmer leur souhait d'être français... Et qu'il est difficile de leur souhaiter d'intégrer une république islamique... Il y aurait surement moins de clandestins à Mayotte si ladite république comorienne s'occupait mieux de ses populations...

Hélène, Fayçal et Pacha a dit…

C'est vrai que l'Etat comorien s'occupe bien peu de ses populations... Il n'en reste pas moins que nos pauvres élèves nés à Mayotte, où qui ne se souviennent pas d'avoir vécu ailleurs souffre de la situation actuelle.